La hausse des salaires des aides à domicile intervenant chez les personnes âgées et handicapées marque un pas important dans la reconnaissance de ces métiers essentiels, réclamée de longue date par les acteurs du secteur. 

Aides à domicile quelle augmentation de salaire à partir d’octobre 2021

Ceci entre dans le cadre de l’application de « l’ avenant 43 » de la convention collective, qui attendait le feu vert de l’Etat. La ministre déléguée s’est engagée à ce qu’il soit validé par la commission du ministère des Solidarités et de la Santé pour la mi-mai.

Concrètement, un salarié de catégorie A (soit le plus faible échelon), sans ancienneté, qui touche aujourd'hui le smic, sera augmenté de 2,2 %. Mais avec dix ans d'ancienneté, le même salarié (aujourd'hui également au smic), sera augmenté de 13,6 %.

Ainsi, l’augmentation, pour une aide à domicile sans diplôme et sans ancienneté avec un salaire de 1 539 euros brut, serait de 33,50 euros. Elle irait jusqu’à 300 euros brut pour une aide à domicile sans ancienneté, mais diplômée.

Grand bémol cependant : cette décision ne concerne pas les salariés des structures privées d'aide à domicile, et les salariés du particulier employeur. Soit environ la moitié du secteur. Les réactions fusent sur twitter dénonçant "le mépris", "l'indécence" du gouvernement, ou encore "un véritable scandale", notamment en ce qui concerne les "160 000 auxiliaires de vie (40%) travaillant dans les SAAD privé". 

Exemples d’impact concret de l’avenant 43, applicable dès le 1er octobre 2021

Dans son communiqué, le ministère des Solidarités et de la Santé donne des exemples concrets. 

• Rémunération de base d’un salarié de catégorie A (agent à domicile) sans ancienneté (1re année) : dans le cadre de la convention collective actuelle : 1 452,6 euros + une indemnité différentielle pour parvenir au niveau du smic soit 1 539,42 euros. Dans le dispositif proposé : 1573 euros soit une augmentation de 33,5 euros brut/mois.

• Rémunération de base d’un salarié de catégorie A (agent à domicile) avec 10 ans d’ancienneté : dans le cadre de la convention collective actuelle : 1 522,54 euros + une indemnité différentielle pour parvenir au niveau du smic soit 1 539,42 euros. Dans le dispositif proposé : 1749 euros, soit une augmentation de 227 euros brut/mois.

• Rémunération de base d’un salarié titulaire du diplôme d'Etat d'accompagnant éducatif et social (DEAES) de catégorie B sans ancienneté : dans le cadre de la convention collective actuelle : 1592,5 euros. Dans le dispositif proposé : 1892 euros, soit une augmentation de 300 euros brut/mois.

• Rémunération de base d’un salarié titulaire du DEAES de catégorie B avec 6 ans d’ancienneté : dans le cadre de la convention collective actuelle 1700 €. Dans le dispositif proposé : 1974,5 euros, soit une augmentation de 274 euros brut/mois.

Une décision saluée par les fédérations associatives dans le secteur des services à domicile 

L’USB Domicile a salué cette annonce. Pour rappel, cette dernière (une association loi 1901) est l’union syndicale de la branche des activités sociales, médico-sociales, sanitaires et de services à domicile (USB Domicile). Elle est constituée des quatre fédérations associatives dans le secteur des services à domicile : ADESSADOMICILE, ADMR, FNAAFP/CSF et UNA.

" Cette décision historique permettra la plus forte revalorisation des emplois et des rémunérations dans la Branche de l’aide à domicile depuis 2002. La révision des emplois et rémunérations proposée par l’avenant 43/2020 est une réforme d’envergure et structurante qui va bien au-delà d’une simple remise à niveau des grilles à hauteur du SMIC. Elle vise à rendre plus attractifs les métiers de l’aide, de l’accompagnement, des soins et des services à domicile en les adaptant à l’évolution de nos activités et en facilitant les parcours professionnels" a-t-elle déclaré dans son communiqué de presse. "Cet accord permettra aussi une revalorisation salariale pour les salariés des services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) et des Centres de Soins Infirmiers (C.S.I) qui sera au moins équivalente au bénéfice du Ségur de la santé."

Aides à domicile une convention collective obsolète

Aujourd’hui, seulement 43 % des aides à domicile accèdent à une rémunération conventionnelle supérieure au smic après 17 ans d’ancienneté. Ceci est dû à la convention collective qui date de 2010, et jugée obsolète par Brigitte Bourguignon.

"Il est essentiel de revaloriser ces professionnels mobilisés en première ligne auprès des personnes en perte d'autonomie dans la lutte contre la Covid-19, et qui permettront demain aux Français de vieillir plus longtemps chez eux", a commenté la ministre.

Une enveloppe de 80 millions d’euros avait déjà été débloquée grâce à elle pour inciter les départements à verser une prime Covid de 1000 euros en moyenne, avec les cafouillages que l’on connaît et de grandes inégalités dans les territoires.

Doit-on redouter de nouvelles tensions, et un bras de fer entre le gouvernement et les départements, qui ont en charge le financement de l’aide sociale ?

Aides à domicile une augmentation de salaire financée en partie par les départements 

En effet, pour se concrétiser dès le 1er octobre, comme annoncé par la ministre déléguée chargée de l’Autonomie, cette augmentation de salaire a besoin du financement des conseils départementaux, compétents en la matière. Or, pour l’instant, ils n’ont pas accepté de mettre la main à la poche. Cela devrait passer par des négociations avec l’association des départements de France (ADF), dans un contexte d’élections départementales prévues en juin.

Au total, 209 000 personnels des services d’aide et d’accompagnement à domicile (SAAD) et des services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) sont concernés. Cela représente 300 millions d’euros annuels, à répartir entre l’Etat et les conseils départementaux.  

Pour le début, (les trois mois d’octobre à décembre 2021), l’Etat propose de compenser le coût à hauteur de 70 % par l’intermédiaire de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). À partir de 2022, ce ne serait plus qu’à hauteur de 50 %, soit 150 millions d’euros.

Le surcoût pour les départements s’élèverait à 75 millions d’euros en 2021. Après compensation de l’Etat, le coût résiduel serait de 22 millions d’euros.

Pour rappel, l’amendement au projet de loi de finances de la Sécurité sociale pour 2021, voté à l'automne 2020, prévoit une dotation de 200 millions d’euros par an pour revaloriser les salaires des aides à domicile. Les fédérations représentatives des entreprises d'aide et d'accompagnement à domicile avaient d'ailleurs rédigé un communiqué pour demander au gouvernement de le confirmer. 

A plusieurs reprises, ces derniers temps, elles ont tiré la sonnette d'alarme, demandant des augmentations de salaires dans un secteur qui manque cruellement de bras. 

Aladom.fr, le référent de la petite annonce pour le service à la personne, permet de recruter des aides à domicile et desaides aux personnes âgées dans toute la France.